Photos de famille

Un « objet trouvé » est à l’origine de cette série non achevée. Il s’agissait d’une boite de biscuits en fer blanc qui appartenait à ma grand-mère, oubliée au fond d'un tiroir. Dedans, des photographies sous forme de carte postale des années 1900-1910 représentant des évènements clefs : naissance, mariage, communion. Celles qui m'ont aimanté sont des portraits de bébés. Leurs visages ont jailli avec une force d’évocation et une charge émotionnelle inouïes. Ils et elles étaient mes lointains ancêtres, cousins cousines très éloignés, anonymes, sans inscription au revers. 

Ce projet de photo-collages et de photo-montages est apparue comme une évidence, une nécessité, même si cela n'avait rien à voir avec ce que je "fabriquais" auparavant. Le premier produit fut Jean qui rit et Jean qui pleure  en 2012. Puis j’ai élargi « cette matière première » à d’autres trésors intemporels trouvés sur les brocantes : des enfants de familles inconnues. Je glane, je scrute, je fouille et je classe, comme le ferait un entomologiste devant sa collection de papillons rares. J'interviens beaucoup sur ces portraits. Je rajoute, je découpe, j'associe, je crayonne dessus, ...

Les costumes, le décor, les expressions, la qualité de la photographie et du support, tout devient information historique et sociologique sur ces très jeunes enfants. Cette série parle du temps et de l’oubli, de l’intime et de l’universel. Elle raconte notre histoire collective à partir de la mienne.